Notre interview avec la Grande Lucie Dheli

Aujourd’hui, nous avons eu le plaisir d’interviewer Lucie Dheli, découverte récemment par nos équipes. Lisez notre conversation avec elle ci-dessous :

Tu as vécu dans plusieurs villes d’Europe, cela a t-il eu une influence sur ta musique et si oui comment?

Je suis née en Auvergne, j’ai vécu à Paris, à Londres, puis à Liège.

L’auvergne est mon socle, elle a un passé Celte qui est resté très fort. Le druidisme y est encore présent et la nature y est d’une force incroyable, les volcans, les sources… La musique, le violon traditionnel joué pour la danse dans une forme de transe.

Paris m’a fait grandir, j’y ai découvert ce qu’il y a en surface de la terre, la télévision, la radio, les studios d’enregistrement, la course, la vie trépidente. J’ai adoré ça. J’étais partie d’Auvergne pour me réaliser, sans objectif particulier, Paris m’a beaucoup donné, elle m’a fait entrer dans une nouvelle dimension de moi-même. Elle m’a aussi beaucoup interrogée sur le sens de la vie.

Lorsque j’ai posé le pied pour la première fois en Angleterre, j’ai eu la sensation de reconnaître une maison. Londres est mon hôte de coeur. Je m’y sens totalement moi, dans mon élément. C’est dans cette ville que j’ai signé mon tout premier album avec le label Somebizzare et je travaille toujours régulièrement avec les musiciens et musiciennes Londoniennes. Dans cet album, j’ai eu le grand privilège de travailler avec la violoncelliste Londonienne Joanna Quail et le chanteur Jake Harding a posé sa voix magique sur le dernier titre de l’album, Nyu, le cinquième élément. Ce titre a été l’union de sons spontannés chacun depuis son home studio sans entendre ce que l’autre avait composé. Chacun d’entre nous avait un élément : Jo la terre, la guitare de Lee Lebens, le feu, Jake l’eau et moi l’air. J’ai simplement réuni les 4 éléments, mixé les sons, tout s’accordait parfaitement pour créer le cinquiège élément, Nyu..

Par ailleurs, lorsque je compose de manière spontannée, les onomatopées viennent toujours en Anglais, c’est amusant, comme si elles venaient de bien plus loin que cette simple vie dans laquelle je suis même bien loin d’être parfaitement bilingue !

Et enfin Liège, le cocon. Mes enfants y ont grandi, les amis sont là, tout près, la vie y est simple et agréable et la Belgique protège ses artistes. Ici, j’ai eu le temps de créer, de développer mes projets artistiques au point de vivre avec et grâce à mon art. Les Ardennes me rappellent un peu l’Auvergne, et puis il y a près de moi le lieu sacré de la Montagne Saint Pierre qui a aussi influencé ma musique. C’est en Belgique que la sérénité m’a rejointe.

Et concernant la sophrologie, en quoi cette discipline inspire ta musique aujourd´hui ?

Lorsque j’ai commencé à explorer la sophrologie, je n’imaginais pas à quel point elle m’entraînerait dans une profonde exploration des différentes dimensions, tant intérieures qu’extérieures, et des liens qui les unissent. C’est un outil d’une puissance incroyable qui exige de la patience, mais les découvertes qu’il offre sont immenses. La sophrologie m’a permis de mieux comprendre et vivre les connexions entre moi et l’univers, de développer une perception différente de l’espace-temps, d’explorer les interconnexions entre les êtres vivants, de renforcer mon intuition et d’appréhender les synchronicités. En tant qu’artiste, elle est devenue mon alliée à chaque étape de mon travail : pour la création, la concentration et la synthèse. Il me reste à mieux exploiter son potentiel de relaxation, car comme beaucoup d’artistes, je suis une véritable boulimique de travail.

Comment dicrirais-tu l’univers sonore de ‘Homam’ avec tes mots ?

Cet album, et ma musique en général, transportent, inspirent une énergie. Dans les musiques du monde, les musiques rituelles, l’énergie est un élément commun. L’univers sonore de Homam, ce sont les volcans, l’eau comme dans „As Real as Water“, la pureté des jardins Shinto japonais dans Misogi, la puissance du Féminin Sacré développée dans Morrigan, le feu dans le rituel Indien Homam ou Homa, et le vent, insaisissable dans The Sylph and the Lion et une incantation à la nature, texte d’une grande puissance écrit en 1935 par Julia A. Fletcher.

C’est ce qui s’est invité dans la composition de Homam, et qui est amplifié dans la performance Live.

J’ai vraiment envie, grâce à mon univers sonore, d’inviter les auditeurs au voyage, les amener à transcender le moment, c’est le rôle de l’artiste que d’ouvrir l’accès au rêve éveillé et permettre aux êtres de se „nettoyer“ afin de savoir, que dans le quotidien de la vie, il y a toujours la possibilité d’une fenêtre ouverte.

Il y a un côté cinematographique dan ton projet d’oú te vient cette approche?

Si je le savais ! 😉 Et je suis contente de te l’entendre dire car la presse le disait aussi de mon tout premier album Barbed Wire Slides (Vicious Circle), et j’aime cette idée. Cela vient peut-être de la manière dont je compose, dans des rêves éveillés. J’ai moi-même besoin que ma musique me transporte lorsque je l’enregistre. Un peu comme si je partais en voyage dans des landes imaginaires que la photographe Juliette Jacobs a très bien exprimées dans son travail pour l’album et l’univers visuel du Live. Peut-être aussi parce que c’est le style de musique que j’aime écouter, Rye Cooder, Badalamenti, Brian Eno. Et aussi, je crois que bien inconsciemment je pense au live, à ce que j’ai envie de partager : un univers, une magie, un espace ouvert pour chaque projection du spectateur. C’est la raison pour laquelle Mickaël Hoebregs nous rejoint pour le livre, créant un vjiing à chaque fois inédit sur la base de l’univers photographique de Juliette. Les mêmes images, des visions multiples.

Comment te vois-tu en tant qu’artiste dans le futur?

Merci infiniment pour cette question. J’ai passé les deux tiers de ma vie à comprendre qui je suis, ce qui m’anime, à composer, enregistrer, chercher. La vie m’a donné du temps, un corps qui est un allié formidable, ce temps, je me dois de le mettre à profit pour partager cette énergie, contribuer à la beauté du monde. Lorsque j’étais enfant, je ne savais pas ce que je voulais être plus tard. Je me voyais simplement dans un jardin avec des gens heureux. C’est à cela que doit servir mon futur, aider les gens à trouver le vent, l’eau, le feu, la terre en eux et avec cela, accéder à leur beauté et leur puissance intérieure. Je suis loin d’avoir toutes les réponses mais il me semble que c’est la raison pour laquelle je suis depuis toutes ces années au service de la Musique. Le temps d’une soirée, une salle de concert, un espace de festival deviennent une bulle de connection pour mes auditeurs.

Lucie Dehli – Singer – Composer – Visual Artist – Producer