Interview avec le Canadien Amonte Noble

– Qui se trouve derrière le nom Amonte Noble? 

Prononcé  »Amonté ». Amonte se dérive du terme amante.Comme dans l’amante du roi d’époque. La contradiction majoritairement aussi. Comme dans La montée Noble… une dichotomie entre les deux termes, représentant du même coup l’essence des œuvres musicales créées (comment une montée peut être noble?) Puis finalement pour la phonétique qui est plutôt nébuleuse… comme j’aime penser que mon être l’est également.

– Qu’est-ce qui vous a inspiré à créer cet EP, « River of Madness »?

L’envie d’exposer mes lubies qui parsèment mes pensées enchevêtrées au quotidien. Mettre des mots sur des souffrances internes sans tomber dans le trop lourd… en apportant un aspect détaché et désinvolte, en empruntant le masque de l’ironie pour camoufler sans doute la souffrance lancinante. Le désir aussi d’atteindre un auditoire cinématographique. Je persiste à croire que ces musiques se prêtent bien aux images.

– Pouvez-vous nous parler du processus de création derrière cet EP et comment il diffère de vos projets précédents en tant que St.Laurent?

Un album plus assis, plus confiant, plus accessible. Une confiance renouvelée dans l’approche et dans mon être. À l’entonnoir de la libération plutôt que baignant dans la souffrance. St. Laurent était plus noir, il n’y avait pas d’émanation d’espoir. River of Madness caresse la désinvolture, l’album s’amuse d’une façon théâtrale et manipule les angles incongus de la vie. Les collaborations sont plus nombreuses aussi et plus faciles. Et cette rencontre avec David Lemyre à la guitare a complètement transformé l’approche à mes créations. S’en est suivi une approche plus mélodieuse et texturée.

– Quels sont les thèmes principaux explorés dans cet EP et pourquoi sont-ils importants pour vous ?

La mort principalement… camouflée dans la retenue. Quand on retient c’est qu’on a peur de mourir… mais quelqu’un qui ne fait que passer à travers l’album une fois ou deux ne s’attardera pas à ce contexte. Il faut laisser l’album pénétrer pour en saisir la férocité de ne pas vouloir laisser aller. Peut-être un entêtement à ne pas vouloir se séparer d’une souffrance aussi… puis la tourner au ridicule ou en une option imaginaire, caché dans les bois, sous les pins, à observer les faux heureux. Il y a un reflet redneck aussi qui me chavire… celui des fins fonds des États-Unis… peut-être parce que leur facilité à être heureux transcende… cons mais heureux, fermés mais heureux. 

– Comment décririez-vous votre style musical et quelles sont vos principales influences ?

Éclectique de prime abord. Cette question est toujours quelque peu compliquée. Elle sous-entend qu’on doit donner une étiquette à ce que l’on fait… alors que tout l’objet de mon art refuse d’en apposer une. De larges influences de musiciens qui ne cherchent pas la rimes mais l’histoire, le poétisme, le lyrisme et la splendeur. Okkervil River, Kevin Morby, Kurt Ville, Timber Timbre, Sunset Rubdown, Handsome Furs, Connor Oberst, Johnny Cash (Quel raconteur), William Tyler…  

– Quelle est votre piste préférée sur l’EP et pourquoi ?

Sans doute Son of gun… parce que personne ne se rend jusqu’à la fin de l’album (HAHAHA!!) Plus sérieusement, ce fut une chanson hyper spontanée qui a émanée d’une collaboration subite avec David Lemyre, j’aime cette guitare et le son qu’elle emprunte. J’aime aussi comment ma voix est livrée… dans une espèce de désinvolture mais aussi dans une nostalgie poignante…  

– Y a-t-il des anecdotes intéressantes ou des moments particulièrement mémorables du processus d’enregistrement que vous aimeriez partager ?

Sur Dirty Movie Premiere… avec le producteur Gilles Castilloux… je voulais mettre beaucoup de percussions pour accentuer le dernier refrain… Gilles a alors sorti des boîtes et des boîtes d’instruments de percussions afin qu’on fasse des tracks et des tracks de ce qui pourrait sonner cool. Il y avait là-dedans des instruments que je n’avais jamais vus! Ils auraient pu servir à n’importe quoi sauf à de la musique!! Quand on est monté pour entendre le résultat, nous étions mort de rire… ça sonnait comme des enfants dans une garderie qui sortent tous le jouets en même temps!! Il fallait faire un ménage des tracks!!

– Comment espérez-vous que les auditeurs réagiront à « River of Madness » ?

Je veux leur permettre de plonger en eux-même, de vivre quelque chose de différent, en oubliant comment la musique doit être conçue ou écoutée.

– Quel message souhaitez-vous leur transmettre? Loosen up!!

– Quels sont vos projets futurs ?

J’ai encore beaucoup de matériel sur lequel travailler. Originalement, l’album devait comprendre 8 ou 9 chansons… ce sont des chansons que j’ai toujours en banque mais que je veux livrer d’une façon spéciale. Assurément dans la prochaine année il y aura donc du mouvement à cet effet. Je prépare aussi une série de spectacles à Montréal en Automne et qui va s’étirer jusqu’en été 2025. Pouvons-nous nous attendre à de nouvelles collaborations ou à des performances live ? Plein d’autres collabs oui! Il y aura sans doute des instruments à vent et une chorale sur une des prochaines pièce… à voir!

Lien d’écoute de l’EP: