Interview avec l’artiste marsaillais Comédie Noire

Jonathan Campredon se lance dans un nouveau projet musical sous le nom de scène Comédie Noire. Nous avons eu la chance de discuter avec l’artiste autour de la sortie de son premier single « Jamais Ici ».

– Bonjour Jonathan Campredon! Peux-tu commencer par nous dire pourquoi avoir choisi le nom Comédie Noire pour ce nouveau projet musical ?


Bonjour ! En fait, le nom s’est imposé comme une traduction du terme anglais « Black Comedy », qui est un peu plus spécifique que ce qu’on appelle l’humour noir. J’adore ce
terme, et ce genre (dans la littérature, le cinéma ou le théâtre), qui permet de tourner en dérision des sujets extrêmement sombres. Mais aussi de faire l’inverse et de prendre une
situation très quotidienne, banale et en apparence très lumineuse pour faire apparaître tout ce qui peut se cacher derrière, en filigrane. J’aime bien cette ambiguïté de point de
vue dans les textes et les chansons qui déjouent les attentes, par exemple en proposant une musique très rythmée avec des paroles qui en fait sont emplies de dureté, de tristesse
(comme dans À nos actes manqués de Goldman ou dans pas mal de chansons de Cocoon).
Et pour ce qui est du concept de pseudonyme, ça me vient sans doute de mon amour pour ces groupes comme Gorillaz, où l’auteur-compositeur se fond derrière un ensemble
plus large, qui peut être amené à bouger, à évoluer.


– Quelle est l’histoire derrière le titre « Jamais Ici »?


C’est venu d’une discussion au restaurant où l’on m’a dit : « regarde autour de nous, il n’y a absolument personne qui est en train de vivre le moment présent, littéralement. » J’ai
jeté un coup d’oeil et, en effet, tous les clients étaient rivés à leur écran de téléphone et personne ne parlait. On avait même l’impression que personne ne mangeait. Ça m’est
resté dans la tête, mais l’idée n’était pas du tout de faire une chanson clichée qui  dénoncerait « les technologies ». Ce qui m’a inspiré, c’est plutôt ce rapport à l’espace-
temps, le fait de tous être de plus en plus tournés soit vers ce qui s’est déjà produit soit sur ce qui n’est pas encore arrivé et souvent avec les gens qui ne sont pas réellement en
notre présence.

– Le clip de « Jamais Ici » a été réalisé par les Tarpin Loin. Comment cette collaboration s’est-elle déroulée et quel était le concept derrière le clip ?


Je connais l’équipe des Tarpin Loin (Richard et Tristan et Andréa) depuis plusieurs années. Il a été question assez tôt de faire un clip ensemble. Quand ils se sont lancés en
tant que vidéastes, Richard m’a dit « le truc qui manque à notre CV, c’est un clip, on devrait en faire un ensemble, ça nous fera apprendre et toi ça te fera un clip. »
Finalement, à l’époque, ça ne s’était pas fait. Entre temps, ils ont mené à bien d’innombrables projets (ils s’occupent notamment des vidéos du Jardin Sonore, le super
festival de Vitrolles) et j’avais toujours gardé l’idée dans un coin de ma tête. On a tourné le clip à La Voie Maltée, un bar à Marseille et le concept était de reproduire un concert, genre piano-bar, où les spectateurs ne prêteraient absolument pas attention au chanteur. Peut-être parce qu’ils vivent dans un espace-temps différent, qu’ils ne vivent pas vraiment les moments en même temps… Ça nous permettait aussi de nous amuser visuellement avec
cette idée du chanteur que personne ne calcule.
Dès le départ, j’avais pour projet que les deux clips des deux premiers extraits de l’album raconte une seule histoire, coupée en deux. D’où la fin ouverte du clip de Jamais ici, qui annonce une suite…
Nous sommes d’ailleurs actuellement en tournage du deuxième clip.

– Peux-tu nous parler un peu plus de l’univers musical que tu explores avec Comédie Noire ?


En fait, ce sont les chansons qui ont façonné l’univers, rien n’avait été organisé au préalable. Les chansons ont été écrites et composées dans un temps resserré, en grande
partie lors du confinement ou juste après.. Donc, je pense que ce qui a prédominé au moment d’entrer en studio, c’était de ne rien s’interdire au niveau des arrangements, de se
faire plaisir et d’être libre, même si ça sonne un peu naïf de le dire comme ça. J’avais envie d’un univers qui assumerait totalement le côté « chanson française », ou même
« variété française » -qui sont des termes que je trouve très nobles- tout en mettant en avant les musiciens. Je leur ai d’ailleurs dit juste avant le studio « je veux un album de
chanson française joué par des jazzmen ». Mais pas un truc d’entre soi ou les musiciens s’écouteraient jouer. Or, je savais qu’avec cette équipe, tout le monde serait toujours au
service de la chanson.

– « Jamais Ici » est le premier extrait de ton album à venir, ‘Cavales’ (mai 2024). Quelles sont les principales influences musicales et artistiques qui ont façonné
cet album ?


C’est pas évident de répondre à cette question car nos influences musicales neressemblent pas forcément à ce qu’on laisse transparaître dans notre musique… Dans
mon ADN pur et dur, il y a un vrai mélange franco-britannique. Les Beatles, Supertramp, Souchon et Voulzy, Cabrel, Berger, Sanson, Goldman… Beaucoup de folk aussi, Bon Iver
ou Sufjan Stevens en tête. Il y a peut-être certaines influences qui ressortent à l’écoute, d’autres pas du tout, je ne sais pas. Dans les dernières années, j’ai également été pris de
passion pour Louis-Jean Cormier, un québécois extraordinaire.

– Qu’est-ce que tu souhaiterais accomplir avec la sortie de l’album?


Principalement, j’aimerais que l’album puisse exister sur scène. J’ai la chance d’être entouré de musiciens et de choristes extraordinaires avec qui c’est un pur bonheur de
tourner. On adapte la formule du show en fonction des salles dans lesquelles on est programmé mais on se régale toujours et le public a pour le moment été très réceptif sur
les premières dates. Donc, je souhaites simplement que ça continue.

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Crédit photo: Floyd Renton