Indiechronique invite Chloé Guerin en interview !

Révélée récemment avec son titre ‘Insatisfaite’, Chloé Guérin est l’une de nos découvertes prometteuses. Aujourd’hui, nous sommes ravis de la mettre en lumière. Découvrez notre rebelle préférée à travers cinq questions ci-dessous :

Votre parcours musical a débuté très tôt, inspiré par les dessins animés Disney. Comment cette influence a-t-elle façonné votre passion pour la musique et votre style artistique aujourd’hui?

En effet, regarder des dessins animés Disney a été pour moi un déclic. Je me rendais compte qu’on pouvait non pas que raconter des choses, mais aussi les chanter, et que ça leur donnait une dimension supérieure. Qu’on pouvait faire passer tellement d’émotions, de vécu et d’histoire à travers la musique, que ce soit les paroles ou les instruments. Hypersensible et remplie d’imagination depuis toute petite, je me suis donc vite dirigée vers des écritures de poème, que je mettais en musique, afin de pouvoir exprimer ce que je ressentais mais aussi raconter les histoires que je vivais ou que j’inventais, et ce que ce soit à la maison ou à l’école.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus de création de « Insatisfaite » et sur le message que vous souhaitez transmettre avec ce titre?

L’idée d’ »Insatisfaite » m’est venue en rentrant de mon rendez-vous mensuel avec ma psychologue. J’avais déjà eu des dizaines et des dizaines de rendez-vous avant celui-là, et celui-ci était plus léger que les autres, dans le sens que ma psychologue m’a invitée à essayer de rire, après-coup, des situations angoissantes que j’avais pu vivre. J’ai eu beaucoup de mal, puis de plus en plus j’ai pu me rendre compte que ça pouvait avoir un aspect quelque peu comique finalement, et surtout, que j’étais loins d’être la seule. Dans mon entourage, mes copines vivent aussi beaucoup d’anxiété, et je rencontre au quotidien des personnes qui vivent la même chose. À différentes échelles, certes, mais mine de rien, ce sont aussi des pensées négatives qui nous angoissent et parfois nous paralysent. Et j’ai voulu écrire une chanson pour toutes celles et ceux qui traversent ou ont traversé ce que je vis aussi, afin qu’on essaye au maximum, tous ensemble, d’en rire et de se rendre compte de ces choses parfois (même souvent) absurdes que l’on peut penser ou faire quand on vit le trouble anxieux.

Quels styles inspirent votre musique et comment parvenez-vous à mêler ces influences pour créer un son qui vous est propre?

J’aime la pop, et j’aime les chansons qu’on connaît par coeur et qu’on chante à tue-tête. Ce sont concrètement deux éléments que je voulais intégrer à mes titres. J’aime aussi les chansons à texte et je ressentais le besoin que mes chansons aient du sens et ne soient pas que du « blabla » sur de la musique. J’avais besoin qu’elles narrent, qu’elles racontent, et qu’elles transmettent à travers les paroles comme à travers la musique. J’écoute de la musique au quotidien, mais dans ma playlist, on retrouve énormément de titres des années 2000 car ce sont pour moi celles qui ont rythmé mon adolescence et par conséquent mon passage à l’âge adulte, qui a été riche en émotions! Donc ce sont des chansons très chères à mon coeur et à ma vie, qui forcément ont une influence sur ce que je compose aujourd’hui.

« Insatisfaite » est décrit comme un cri du cœur et une déclaration audacieuse de ras-le-bol. Comment avez-vous canalisé vos émotions dans cette chanson, et comment espérez-vous qu’elle résonne avec votre public?

Ça a été un véritable travail de canaliser mes émotions. Quand on parle d’anxiété, de crises de panique, d’angoisse, ce sont des émotions tellement négatives, qui font tellement souffrir. Mais quelque part, ce sont elles qui façonnent les personnes que nous sommes aujourd’hui. Et c’est là que j’ai du tout canaliser. Par exemple sans elle, il y a probablement des qualités que je n’aurais pas forcément eues. Bien qu’elles me fassent du mal, elles me font aussi grandir et évoluer dans le bon sens du terme, même dans les jours où je suis au plus bas. Et c’est ce que je voulais garder de l’anxiété dans cette chanson, que j’en ai marre, mais que ça passe, en très brièvement! Je voulais exprimer à quel point je n’en peux plus, mais aussi que je ne suis pas seule car je sais que bon nombre de personnes qui ont écouté cette chanson se sont reconnues dedans. Et c’est surtout ça que je voulais transmettre: qu’on n’est pas seul. Jamais. Et qu’on doit s’accrocher car des jours meilleurs arrivent même si cela prend du temps.

La chanson aborde des thèmes tels que la quête d’identité et les pressions du monde, offrant également un appel àl’action et un encouragement à défier les conventions. En quoi la musique peut-elle être un moyen puissant de transmettre des messages et d’inspirer le changement?

Je pense qu’elle peut être un moyen de transmettre les messages que je voulais faire passer à partir du moment où la personne qui l’écoute ne se sent plus comme un cas isolé. Ce qu’elle ressent et normal. Et plus on va normaliser l’anxiété, moins elle aura envie de se prononcer. Parler de santé mentale sans tabou est selon moi la meilleure chose à faire car plus on en parlera, moins on aura peur de s’exprimer à ce sujet, plus on se sentira compris. Nous sommes des millions à vivre avec de l’anxiété, alors comment se fait-il que la santé mentale soit encore aussi tabou aujourd’hui? Comment se fait-il qu’il faut « éviter de dire qu’on est suivi par un psy » alors que concrètement, tout le monde en aurait besoin même pour parler de ses joies et de ses peines, et pour pouvoir évoluer en tant qu’individu personnellement mais aussi en société. Prendre soin de sa santé mentale est une priorité, et c’est ce que je veux inspirer à travers cette chanson, tout en le mettant sur une touche d’humour afin de malgré tout relativiser au maximum et de banaliser cette émotion qui finalement peut s’avérer être une routine pour beaucoup d’entre nous.