– Bonjour Gintsugi, peux-tu commencer par nous parler de ton nom de scène?
Gintsugi est une des techniques de reparation des céramiques au Japon, effectuée avec l’argent – c’est l’or pour le plus connu kintsugi. Ma façon d’approcher la musique était toujours une forme de reparation, une manière de tenir ensemble ce qui était déchiré, de transformer des états douloureux ou traumatiques en autre chose.
– Peux-tu nous raconter le processus de création de ton nouvel album ‘The Elephant in the Room’? Quelles ont été les principales sources d’inspiration pour cet album ?
L’album est né de manière assez progressive. Hex a été composé en 2020 – avant la sortie de mon tout premier single. Water Came en 2022, deux ans plus tard. Du coup, l’album comme unité est né quand j’avais 7/8 morceau et je me suis dit que j’allais en faire un album.
Cet album a beaucoup à voir avec les rêves – au moins deux chansons sont sorties d’un état entre la transe (Water came) et le vrai rêve (to grace). Mais les rêves dans les sens concret, pas dans le sens d’une illusion.
Dans mon premier EP je parlais beaucoup d’illusions, pour moi cet album, aussi pour des raisons personnelles, c’était vraiment une chute – de très haut. La perte d’une forme d’innocence, mais aussi la confrontation beaucoup plus directe avec la vie, pas en rose.
Du point de vue musical, Agnes Obel a été source d’inspiration, comme PJ Harvey, qui l’avait été aussi dans le premier EP. Et bizarrement les chanteurs des année ’50 et le premier rock’n’roll. Et une inspiration classique qui est présente probablement car c’est ma première formation.
– Peux-tu nous expliquer le titre de l’album, ‘The Elephant In The Room’? Quelle signification revêt-il pour toi et comment cela se reflète-t-il dans la musique de l’album ?
Quand j’avais ces 7/8 morceaux, je me suis rendue compte que la totalité des chansons parlait d’arguments soit tabou, soit dont on n’aime pas trop parler ouvertement. J’aime beaucoup les expressions idiomatiques et les doubles sens un peu cachés. The Elephant in the Room me semblait parfait car il exprime un problème dont personne ne veut parler ouvertement – mais dont tout le monde s’aperçoit – , mais il contient aussi une image physique. Un elephant dans une pièce.
– Les morceaux qui composent l’album oscillent entre des styles variés, de l’art-pop au post-rock. Comment décrirais-tu ton style musical? Est-ce important pour toi de ne pas te cantonner à un seul genre?
Je le défini maintenant art-pop principalement, avec des influences dark-folk. Les morceaux de l’album ont en commun les instruments utilisés en phase d’arrangement et de production. En particulier, presque la totalité des morceaux s’appuie sur la voix, le piano, souvent des cordes. Et l’intervention de l’électronique pour créer des couches atmosphériques.
C’est spontanée de ne pas être dans un seul et unique « mode » pour moi car mes inspirations sont très diverses; et je fais l’effort conscient de ramener tout à une forme de cohérence. Pour ca, je fais souvent énormément d’arrangements différents pour chaque morceaux et puis j’en retiens 1 sur 10 peut-etre.
– Quel est ton morceau préféré de l’album et pourquoi?
Water Came et To Grace. De To Grace j’adore le texte, car il arrive à être pour moi joyeux, émouvant, mélancolique en meme temps. J’aime les emotions pas univoques, en trois dimensions, et parfois c’est difficile de garder en soi cette complexité et la transmettre. J’aime aussi beaucoup les cordes dans ce morceau. J’aime aussi beaucoup Water Came que j’adore jouer live seulement avec ma voix et un looper.
– Enfin, quels sont tes projets futurs après la sortie de l’album? Y a-t-il une tournée de prévue par exemple?
Oui, les premières dates sont P’tit Labo (Grenoble) le 28 octobre, Madame Claude (Berlin) le 3 novembre, Quartier Gessien(Ornex) le 18 novembre, Officina 19 (Piove di Sacco) le 2 décembre. Il y a d’autres dates déjà prevues en 2024 et une tournée italienne, encore en phase de definition.
Je suis aussi en train de terminer le mastering des premieres versions des morceaux de l’album, que je vais publier car j’aime beaucoup que les personnes puissent entrer un peu chez moi en quelque sorte, connaitre les morceaux tels qu’ils étaient à l’origine. Et j’apprécie beaucoup la chaleur et la spontanéité des premiers jets, demos ou versions alternatives des morceaux chez les musicien.ne.s que j’aime, du coup cela m’a inspiré.
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